10

Brandon et Burly roulent dans Miami. L’ancien soldat n’a accepté de quitter les Glades qu’en échange de plusieurs caisses de bière. De la Miller, pas une bière mexicaine, il a bien insisté.

Il a voulu passer par Ocean Drive, comme le premier connard de touriste venu, pour admirer les immeubles art déco barbouillés de couleurs invraisemblables : rose fuchsia, bleu layette… et s’extasier sur les énormes hublots qui leur tiennent lieu de fenêtres tout en justifiant leur appellation de « maisons paquebots ». L’euphorie l’a quitté dès qu’on est sorti des quartiers chics pour entrer sur le territoire de plus en plus vaste de la colonie hispanique.

À présent, le coude à la portière, il grommelle en déchiffrant les enseignes rédigées en espagnol.

— Putain ! marmonne-t-il, on se croirait à Cuba. Quand je pense au Miami de mon enfance, c’est à se flinguer. Y z’ont pas eu besoin de nous déclarer la guerre, les Latinos, y nous ont envahis mine de rien. Bientôt ils seront plus nombreux que nous. Kennedy aurait dû les atomiser une fois pour toutes lorsque Khrouchtchev leur a livré ses foutus missiles. C’était une bonne occasion d’en finir.

Brandon ne l’écoute pas. Hier soir, il s’est engueulé sévère avec Peggy qui lui a reproché d’avoir volé le container métallique. Elle a raison d’ailleurs, c’est vrai qu’il a mis le cylindre en lieu sûr pour lui ôter l’idée d’aller le donner aux flics ou de le jeter à la mer. C’est trop important, ce truc. C’est la lampe d’Aladin, la bouteille magique avec le génie dedans, ouais ! Il s’est mis à crier plus fort qu’elle, puis il est parti en claquant la porte pour aller dormir dans sa voiture. Jamais il ne laissera une femme lui dicter sa conduite, elle ne doit surtout pas s’imaginer qu’il est un gentil petit garçon et le traiter comme une maman sous prétexte qu’elle est plus âgée que lui. D’ailleurs cette différence d’âge devrait au contraire la pousser à filer doux. Après tout, Brandon pourrait draguer des filles plus jeunes que lui ! Il lui fait une faveur en s’occupant d’elle. Elle ne devrait jamais perdre ça de vue. À son avis.

Ce matin, il a mis le cap sur les marécages, au sud de Miami, pour aller tirer le vieux Burly Sawyer de son cloaque. Il sait que le vétéran a conservé des contacts avec ses anciens compagnons de guerre, des types recyclés dans la vente de surplus militaires ou de matos un peu spécial. C’est une confrérie pleine de codes et de mots de passe mystérieux où il n’a pas ses entrées.

— Il est hors de question que je prenne feu lors du braquage, a-t-il expliqué, il me faut cet habit de pompier du pétrole dont tu parlais, la combinaison en amiante avec la cagoule, tout le bazar. Je m’entraînerai à courir sur la plage en la portant, pour m’habituer. Tu comprends, je ne tiens pas à prendre feu pendant l’action.

Burly s’est contenté de ricaner et de le regarder en coin, de ses petits yeux plissés.

— Alors ça y est ? T’es décidé, tu te lances ? a-t-il marmonné.

— Oui, a soufflé Brandon. Une chance pareille, ça ne se présente pas deux fois de suite. Un casse en toute impunité, à mains nues, sans armes, sans violence, sans risques. J’entre, je me sers, je m’en vais. Personne ne me voit, je n’ai pas à proférer une menace, à brandir un flingue ou à frapper quelqu’un. Pas la peine, tout se déroule en douceur. Je suis un fantôme. Un spectre cambrioleur. Je n’existe pas.

Brandon se grise de ses paroles. Il lui semble que sa voix est belle, qu’elle résonne avec des chatoiements étranges. Depuis qu’il s’est enfilé cette dope bizarre dans les veines, il plane en permanence. C’est comme s’il n’arrivait pas à redescendre. Ce n’est pas désagréable. Jamais il n’a éprouvé une telle confiance en lui.

— Faudra que je bricole un sac en amiante, pense-t-il à haute voix. Ce serait con que les billets s’enflamment sous le frottement de l’air.

Burly n’émet aucune critique. Il a l’air de s’amuser. Il fait penser à un gosse contemplant le combat de deux scorpions qu’il aurait agacés au préalable avec le bout d’une brindille. On ne peut pas savoir ce qu’il a réellement en tête.

— Tu veux une part du magot ? lui a demandé Brandon. Après tout, tu joues un peu le rôle de conseiller technique…

— Ça m’intéresse pas, le fric, a-t-il répondu. Ce qui m’amuse, c’est de te voir prendre tant de risques pour si peu.

— Quels risques ? Tu veux dire les flics et les gardiens de la banque ? Ils ne me verront pas.

— Non, je parle des effets secondaires du produit. T’es déjà accroché, mec, ça se voit. Je sais de quoi je parle. Tu présentes tous les signes.

— Tu déconnes.

— Pas du tout. Tu ne te rends même plus compte que tu parles tout seul. Et tu souris en permanence, comme un vrai ahuri de hippie défoncé à la Marie-Jeanne. T’as mordu à l’hameçon, ça y est, t’auras beau gigoter, tu ne pourras plus te détacher.

Brandon hausse les épaules. Il est trop euphorique. Les insinuations de Burly ne parviennent pas à lui gâcher sa joie. Il est entièrement tourné vers le futur ; dès qu’il a cessé de les vivre, les événements s’effacent comme s’ils ne s’étaient jamais produits. C’est étrange. Ainsi, il se souvient de la dispute qui l’a opposé à Peggy comme d’une séquence en noir et blanc, extraite de l’un de ces vieux films chiants qui font, la nuit, le bonheur des émissions d’art et d’essai.

On ne peut rien lui reprocher car, dans un premier temps, il a honnêtement cherché un moyen d’éviter le hold-up.

— Cette dope, a-t-il déclaré à la jeune femme, c’est du temps liquide… Je suis certain qu’il y a des gens que ça intéresserait. Par exemple, une femme dont le gosse ou le mari serait en train de mourir à l’hôpital, elle n’aurait qu’à en prendre pour avoir l’impression que les heures se dilatent, que les horloges s’arrêtent… Tu vois ? Ça lui permettrait de profiter au maximum des derniers instants du malade.

Il était très fier de son idée, mais Peggy l’a dévisagé avec une espèce d’effroi, comme s’il était la créature du lac Noir en pleine métamorphose. Il a pensé également aux étudiants, aux élèves qui passent des examens. Avec le produit en question, toutes leurs facultés se trouveraient décuplées, ils pourraient apprendre par cœur des tas et des tas de bouquins en l’espace d’une nuit.

Ce sont là des moyens commerciaux sûrement plus honnêtes qu’un casse, même non violent, mais trop difficiles à mettre en œuvre. Il ne peut tout de même pas faire le pied de grue à l’entrée des hôpitaux pour proposer sa camelote aux parents éplorés !

Ces projets écartés, il ne subsiste plus que la solution du braquage fantôme.

— Tu planes, répète Burly, c’est visible. Ton organisme n’arrive pas à résorber la drogue. Ça se produit avec certains individus. Le poison reste stocké dans le sang, ils ne peuvent plus l’éliminer, ça s’accroche à l’intérieur, comme la poussière de charbon que respirent les mineurs. Et ça tourne, ça tourne sans s’arrêter à travers le circuit sanguin.

— T’essaies de me faire peur ?

— Non, je te préviens, c’est tout. T’es assez grand pour décider de la suite, c’est pas mes oignons. Si tu veux faire ton casse, fais-le vite, et ne touche plus jamais à cette saloperie.

Brandon secoue négativement la tête.

— Faut que je fasse des essais avant, un ou deux, pour vérifier que ça marche vraiment. Je vais courir sur la plage, en me filmant avec une caméra vidéo. Si on devient aussi rapide que tu le prétends, l’objectif ne captera pas mon image. Si le test est positif, je passerai à l’action.

— T’en seras alors à ta troisième injection, remarque le vieux, tu seras définitivement accro. T’auras la cervelle en marmelade. T’as pas le profil qui convient. Au Viêt-Nam, les toubibs de la CIA n’auraient pas retenu ta candidature. T’aurais été classé dans les « Trop réceptifs ».

Il continue sur ce ton pendant une bonne minute, mais Brandon ne l’écoute plus. Il finit par se garer dans une ruelle pourrie, devant le magasin de surplus indiqué par le vétéran. On vend de tout là-dedans, depuis les uniformes usagés, les haches et les casques de pompier jusqu’aux vieilles lances à incendie.

— Ce qui part le mieux, grogne le marchand (un type chauve à la carrure de catcheur enveloppé), c’est les bottes. Tous les petits crétins de la zone les achètent pour frimer. C’est ce qui se fait de mieux pour se marcher sur la gueule.

Brandon se promène au milieu du bazar sur lequel flotte une vague odeur de fumée, comme si le feu couvait encore sous les vestes d’intervention roussies. Il finit par dénicher ce qu’il était venu chercher : un scaphandre en amiante avec la cagoule et les gants. On dirait une grosse armure pataude taillée dans la peau grise d’un éléphant. Burly l’aide à s’équiper. C’est assez encombrant et ça réduit considérablement sa mobilité, mais il suppose que sous l’effet de la dope ce handicap sera vite oublié. La vitre de la cagoule est noire de suie et fendue verticalement. Ça n’a pas d’importance. Du moins il l’espère. Ce qui lui fait peur, c’est le souffle du vent sur sa peau, d’abord caresse, puis brûlure. Il en a eu un aperçu la veille. Au début c’était agréable, comme de rouler à vive allure à moto, seulement vêtu d’un tee-shirt par une journée de canicule, et puis… et puis la sensation d’effleurement s’est changée en irritation, comme s’il se déplaçait à travers un vent de sable. Enfin le sable est devenu cendre chaude, la cendre escarbilles, étincelles.

« La dose n’était pas assez forte pour que je m’enflamme, songe-t-il, mais lors du casse je ne pourrai courir aucun risque, il ne faudra pas lésiner sur la quantité. »

Il est capital qu’il devienne totalement invisible aux yeux des témoins comme à ceux des caméras de surveillance. Il a travaillé dans le cinéma, il sait bien que les supports employés par les enregistreurs vidéo ne défilent pas assez vite pour être en mesure de capter les objets qui se déplacent à très vive allure. L’image qui s’inscrit sur la bande n’est alors qu’une trace inutilisable, à peine un contour.

« J’aurai l’air d’un ectoplasme, pense-t-il en se dandinant dans son armure d’amiante. Ou d’un Martien dans son scaphandre spatial. Je serai trop rapide pour que les caméras puissent prendre une photo nette de mon visage à travers la vitre de la cagoule. »

Il sourit en songeant à la façon dont il a dissimulé le cylindre de métal brossé. Il est bien certain que Peggy n’aura jamais l’idée d’aller le chercher à cet endroit. Il est désolé d’avoir dû se passer de son avis, mais il la sentait prête à renoncer, tout ça parce qu’elle a eu un mauvais trip sur la plage. Elle est bien gentille mais il est hors de question qu’elle se mette dans la tête de décider à sa place. Il fera le coup tout seul. Il a tout prévu. En quittant la banque, il courra le plus vite possible pour sortir de Key West. L’alerte sera donnée dans la minute qui suivra le vol car les caissiers s’apercevront fatalement que les tiroirs sont vides tout à coup, comme par magie, mais une minute ça représente une éternité pour quelqu’un qui se déplace aussi vite qu’une mouche !

Le temps que la police se pointe sur les lieux, Brandon sera déjà sur la plage, loin de la banque, occupé à enfiler son équipement de plongée pour aller planquer le magot sous la mer, dans un trou de roche repéré il y a trois semaines. Il se trouvera toujours sous l’influence de la drogue, ce qui lui permettra de nager loin, aller et retour, en un temps record.

Ensuite, il laissera passer les jours, à l’aise, en reprenant des forces. Les journaux seront pleins du braquage mystérieux et l’on se perdra en conjectures sur la manière utilisée par les voleurs pour berner les systèmes de sécurité.

La voix rocailleuse de Burly le sort de son rêve éveillé.

— Quoi ? balbutie-t-il en ôtant la cagoule d’amiante sous laquelle il étouffe.

— Tu vas maigrir, répète le vieux. Tu vas consommer les sucres contenus dans ton organisme en 30 secondes à peine, après tu vas brûler les graisses, mais ça ne te donnera pas beaucoup plus d’une minute de combustion. Alors, pour continuer à fonctionner, ton métabolisme s’attaquera à la chair de tes muscles. Ça se déroule par paliers successifs, comme les étages d’une fusée qui se détachent les uns après les autres au fur et à mesure qu’ils ont bouffé leur carburant. Si tu bouges trop longtemps, tu vas te dévorer toi-même, tu piges ? Ton organisme va s’alimenter de ses propres fibres, comme c’est arrivé pour les mecs prisonniers des camps de concentration. La maigreur, c’est ça : ça veut dire qu’on est en train de se bouffer soi-même, et c’est ce qui se passera si tu galopes trop longtemps.

— Tu ne m’avais pas parlé de ça, s’irrite Brandon. C’est quoi ce plan ?

— La vérité pure, mon gars. La vérité physiologique du processus, répond sereinement Burly. Tu vas te booster comme une fusée qui décolle de Cap Canaveral, mais il te faudra en supporter les conséquences. Les jours qui précéderont l’action, essaie de prendre du poids, mange, stocke de la graisse, avale beaucoup de sucreries, des pâtes, du pain. Ensuite, sur le trajet de ta cavale, il te faudra prévoir des relais, des planques remplies de confiseries. Tu t’y arrêteras pour refaire le plein en sucre.

— C’est débile, ricane Brandon. Je vais m’arrêter au beau milieu d’une cavale pour bouffer des bonbons ? C’est ça que tu es en train de m’expliquer ?

Le vétéran laisse échapper un petit rire malin. D’une poche de sa veste en peau de requin, il tire un mégot de cigare dominicain et l’allume doucement.

— Je t’explique que si tu ne suis pas mes conseils à la lettre, tu crèveras d’inanition dans ton scaphandre à peine sorti de la ville, ricane-t-il. Tu tomberas raide mort, parce que tu ne pèseras plus que 30 kilos, tout malin que tu es ! Tu auras perdu les deux tiers de ton poids initial en 15 minutes. À la base, t’es déjà trop maigre, je te l’ai dit. T’as pas le bon profil. Au Viêt-Nam, les toubibs sélectionnaient des types balèzes, gras à lard, engraissés aux patates, au maïs et au sirop d’érable. Avant une mission, on les gavait comme des porcs qui partent à l’abattoir. Fallait qu’ils prennent 10 bons kilos de surcharge pondérale. C’est comme ça qu’on disait : surcharge pondérale, c’est mieux que « gras du bide ». Quand ils revenaient, on aurait dit qu’ils sortaient d’un camp de prisonniers VC.

Brandon grogne. Okay, il s’arrangera pour prendre du poids, ça n’a rien d’impossible. On ne le découragera pas avec des détails aussi futiles. Il n’est pas aveugle, il perçoit nettement l’aura de jalousie qui enveloppe Burly. Le vieux crève d’envie, il voudrait être encore capable de tenter l’aventure, mais s’il se faisait le moindre shoot, il se paierait un infarctus dans les 3 minutes qui suivraient.

— T’es qu’un crétin, soupire le vétéran. T’as tout ce qu’il te faut pour être heureux : la jeunesse, la santé, une chouette nana. T’as eu la chance de ne jamais connaître la guerre… Remarque, c’est peut-être ça qui t’a manqué, va savoir. Ça t’aurait appris la valeur des choses.

Brandon lui tourne le dos et va discuter le prix de la combinaison d’amiante avec le patron des surplus. Il n’a pas tellement d’argent et ça représente un gros investissement pour lui.

« Tout ce qu’il faut pour être heureux ? » Vraiment ? Et le fric alors ? Il est con, ce Burly, comme si on pouvait être heureux sans fric !

Il hausse les épaules. Il n’a pas peur, il sait qu’il est né sous une bonne étoile, et qu’il a la chance dans le sang.

Baignade accompagnée
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